Mon père de Grégoire Delacourt
J’avais bien aimé “L’écrivain de la famille” et aussi, bien sûr, “la liste de mes envies”. Mais ce roman, “Mon père” de Grégoire Delacourt, c’est tout autre chose.
Le résumé par l’éditeur :
“Au recto. Un lac d’un bleu d’encre qui donne envie de s’y baigner. Au verso. A droite, dans la partie réservée au destinataire, il est juste écrit : Papa, et mon adresse. A gauche, trois mots, qui semblent chuter : Viens me chercher.” Je me suis toujours demandé ce que je ferais si quelqu’un attentait à l’un de mes enfants. Quel père alors je serais. Quelle force, quelle faiblesse. Et tandis que je cherchais la réponse, une autre question a surgi : sommes-nous capables de protéger nos fils ? G.
D. L’auteur de La Liste de mes envies et d’On ne voyait que le bonheur nous interroge avec force sur notre propre humanité. Un cri de colère, et donc d’amour.
Mon avis :
Quelle claque ! un livre que je ne suis pas près d’oublier….
Benjamin, 10 ans, est hospitalisé en urgence pour une occlusion intestinale. A l’hôpital, ses parents découvre l’impensable : il a été abusé par un prêtre auquel il avait été confié, le temps d’un camp de vacances.
C’est le monde qui s’écroule : en effet, Edouard et sa femme Nathalie (qui sont séparés) appartiennent tous les deux à un milieu catholique pratiquant. La mère d’Edouard est même “bedeau” de sa paroisse ! L’enfant n’allait pas très bien depuis quelques temps, mais ils avaient mis ses troubles sur leur séparation.
Edouard décide de se confronter au prêtre abuseur. Le temps d’un week-end, dans un huis-clos terrible, il va lui faire avouer les faits. C’est l’occasion pour lui de revenir sur sa propre enfance et son éducation, sur son couple en désunion, sur les premières années de son fils.
Il y a d’importantes références bibliques puisque l’auteur prend le parti de comparer son fils avec Isaac, le fils qu’Abraham a voulu sacrifier au nom de Dieu. Ce n’est pas ce que j’ai préféré dans le roman.
Le récit est porté par la culpabilité d’Edouard qui n’a pas su voir, ni protéger son fils, ni reconnaître les signes….. C’est dur et bouleversant. J’ai commencé à avoir la larme à l’oeil vers la cinquantième page, c’est dire ! La fin est surprenante. Je ne m’y attendais pas du tout.
“Mon père” de Grégoire Delacourt, a été édité en 2019 au moment de la sortie du film “Grâce à Dieu” de François Ozon. Si le sujet est le même, la façon de le raconter est différent.
Ma note : 5/5
Extraits :
“On finit par devenir ce que nos parents ont de cassé en eux”.
“Je souris intérieurement en me remémorant avoir appris au catéchisme qu’il y avait une soixantaine de repas évoqués par l’Evangile, tandis -ça, je l’ai découvert bien plus tard- qu’on faisait l’amour plus de huit cents fois dans l’Ancien Testament, l’arrivée du fils de Dieu sonnant apparemment la fin de la récré, la fin des plaisirs de la chair au profit de ceux de la chère ; ne donnera-t-il d’ailleurs pas son corps à manger plutôt qu’à aimer ?”
“Le pardon permet l’infamie. Le pardon autorise toutes les abominations”.
“Autoriser le mariage des prêtres permettrait à bon nombre d’entre eux de profiter de l’indispensable adoration de l’autre, sans le sordide de la dissimulation, mais priverait l’Eglise du grisbi des successions -les prêtres mariés ayant alors leurs propres héritiers.”
[…] cet auteur qualifié d’auteur « feel good » et qui ne l’est franchement pas. Le roman « Mon père » avait marqué un tournant dans sa carrière littéraire. Avec ce nouveau roman, Grégoire […]