Au coeur de Yamato d’Aki Shimazaki
Si tu me suis sur ce blog, tu sais sans doute que j’adore cette auteure. J’ai déjà lu les séries “L’ombre du chardon” (voir ma chronique ici et ici) et “Le poids des secrets” que j’avais vraiment aimées. Cette nouvelle pentalogie “Au coeur de Yamato” est parue en 2011 chez Actes Sud (ici).
Le résumé par l’éditeur :
Mitsuba :
Quand la compagnie d’import-export Goshima de Tokyo se propose d’affecter Takashi Aoki à sa succursale de Paris, ce jeune employé prometteur se trouve à un point tournant de sa vie puisqu’il vient de rencontrer enfin la femme avec qui il souhaite fonder une famille, Yûko Tanase. Mais il sait aussi que les lois silencieuses et impitoyables de sa société, à l’intransigeance impériale, peuvent écraser d’un doigt les relations humaines des êtres qui ne font pas partie des puissants. Qu’adviendra-t-il alors de la promesse des amoureux, faite au café Mitsuba?
Zakuro :
La dernière fois que Tsuyoshi Toda a vu son père, c’était en 1942, quand ce dernier partait travailler en Mandchourie, d’où il a été déporté en Sibérie après la fin de la guerre. Vingt-cinq ans plus tard, alors que sa mère sombre peu à peu dans les errances de l’alzheimer tout en conservant l’espoir de revoir un jour son mari, Tsuyoshi apprend que son père, porté disparu, est vivant au Japon. Lorsque le père accepte de rencontrer son fils, seul, il lui remet une lettre dans laquelle il explique les raisons de sa disparition : ce qui s’est passé sur le bateau qui le ramenait au Japon a brisé net le cours de sa vie.
D’une logique dramatique imparable, ce roman explore le destin d’êtres que l’Histoire a broyé dans les replis de ses silences honteux.
Tonbo :
Nobu a fondé en 1981 un juku, établissement de cours privés spécialisé dans la préparation des examens. Six ans plus tard, avec la visite inattendue d’un homme qui réveille le souvenir du suicide de son père, il apprend une tout autre histoire que celle qui a assombri sa jeunesse. Professeur respecté, injustement accusé d’avoir provoqué la mort d’un élève rebelle, le père de Nobu avait vu son destin littéralement pris dans les mailles inextricables d’une rivalité d’étudiants. Mais le drame d’alors prend aujourd’hui une tournure imprévue.
Tsukushi :
Lors de la fête qui souligne le treizième anniversaire de sa fille Mitsuba, Yûko découvre une boîte d’allumettes décorée d’une image de tsukushi. Cette figure symbolique, qu’elle trouve “artistique et érotique”, sera le déclencheur d’une série de révélations qui pourraient compromettre l’existence de Yûko et la sérénité de son sentiment familial. Est-il possible que, derrière le rideau de son mariage, “l’apparence d’être un couple importe plus que l’amour” ? Trahisons, doubles vies enfouies dans un silence impénétrable risquent bientôt de bouleverser sa vision du bonheur et le cours de sa vie.
Yamabuki :
Cela fait maintenant cinquante-six ans que Aïko Toda a connu le coup de foudre pour celui qu’elle acceptait d’épouser dès leur premier rendez-vous. Aux côtés de cet homme, un cadre dévoué de l’importante compagnie Goshima, elle a été aux premières lignes de la reconstruction économique de son pays dévasté par la guerre. Toujours aussi amoureux, tous deux profitent aujourd’hui de leur retraite. Au fil des jours de pluie et des promenades, Aïko songe à ce demi-siècle passé auprès de Tsuyoshi Toda, son samurai ; un bonheur dont elle prend la mesure alors que remontent aussi à sa mémoire les années qui ont précédé leur rencontre, celles d’un premier mariage raté.
Au plus près de l’intimité de ses personnages, Aki Shimazaki clôt avec cette histoire le cycle romanesque Au cœur du Yamato.
Mon avis :
Comme chacune de ses pentalogies, Aki Shimazaki a écrit de petits volumes qui composent un tableau qu’on peut découvrir par petits morceaux sans se préoccuper de l’ordre. Je conseille néanmoins de les lire dans l’ordre où ils ont été écrits, car 2 d’entre eux (Zakuro et Yamabuki) évoquent les mêmes personnes à différentes époques.
La série “Au coeur de Yamato” campe la vie de collaborateurs d’une grande firme : leur vie professionnelle, les obligations qu’elle créée au Japon, et les sacrifices qu’ils doivent accepter dans leur vie privée. On aborde le Japon avec ses valeurs traditionnelles, notamment le sens du devoir parfois poussé à l’extrème… induisant des secrets et des mensonges pour sauver les apparences.
Ce qui sous-tend aussi ces 5 histoires, c’est aussi la difficulté de connaître vraiment celui avec lequel on a choisi de vivre. Le 5e volume, Yamabuki, est celui qui a fait naître le plus d’émotions, celui qui m’a fait monter les larmes.
Aki Shimazaki a une écriture délicate comme à son habitude. Les sentiments sont exprimés avec beaucoup de pudeur. C’est très beau.
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