Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu

Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu

“Leurs enfants après eux” de Nicolas Mathieu est livre paru en 2018 aux éditions Actes Sud. Il a reçu le prix Goncourt 2018. C’est le cadeau que mes enfants m’ont offert cette année pour la fête des mères…ils connaissent bien leur mère ! C’est ma 37e lecture en 2019 (voir ici). Je vais pulvériser mon record de 2018 (63 livres lus et chroniqués sur ce blog !).

Le résumé par l’éditeur :

Août 1992. Une vallée perdue quelque part à l’Est, des hauts fourneaux qui ne brûlent plus, un lac, un après-midi de canicule. Anthony a 14 ans, et avec son cousin, ils s’emmerdent comme c’est pas permis. C’est là qu’ils décident de voler un canoë pour aller voir ce qui se passe de l’autre côté, sur la fameuse plage des culs-nus. Au bout, ce sera pour Anthony le premier amour, le premier été, celui qui décide de toute la suite. Ce sera le drame de la vie qui commence. 


Avec ce livre, Nicolas Mathieu écrit le roman d’une vallée, d’une époque, de l’adolescence, le récit politique d’une jeunesse qui doit trouver sa voie dans un monde qui meurt. Quatre étés, quatre moments, de Smells Like Teen Spirit à la Coupe du monde 98, pour raconter des vies à toute vitesse dans cette France de l’entre-deux, des villes moyennes et des zones pavillonnaires, de la cambrousse et des ZAC bétonnées. La France du Picon et de Johnny Halliday, des fêtes foraines et d’Intervilles, des hommes usés au travail et des amoureuses fanées à vingt ans. Un pays loin des comptoirs de la mondialisation, pris entre la nostalgie et le déclin, la décence et la rage.

Mon avis :

Je dois dire que je suis très partagée. J’ai trouvé le thème vraiment intéressant : suivre au cours de 4 étés un jeune, Antony, et son environnement proche, qu’il soit familial, amical, ou encore “sociétal”, dans une région durement frappée par la crise et la désindustrialisation. Je m’attendais à une “vraie” histoire. Or il ne se passe pas grand chose dans ce roman. On assiste à l’ennui de ces adolescents, ce qui leur fait commettre des excès en tous genres, mais aussi à leurs joies, leurs peines, leurs premiers émois.

L’approche de l’auteur, tout ce désespoir, ce manque de perspective, cette reproduction sociale décrits longuement dans le livre, m’ont gênée. Certes, c’est un roman social, qui se veut réaliste. Du coup, pas de fioriture dans la langue utilisée. C’est la langue de la “France d’en bas” comme disait un certain homme politique. Cela rend la lecture de ce roman de 425 pages très facile. Il y a pourtant des longueurs et de -trop- nombreuses scènes de sexe, qui n’apportent pas grand chose au roman…. Et puis, la description du milieu de “français moyens”, comporte de nombreux clichés.

Globalement, je ne suis pas emballée par ce texte. Je trouve que ça sent le marketing littéraire… Pour autant, je l’ai lu rapidement, comme quoi, le marketing, c’est efficace.

Extraits :

“On attendait plus seulement de vous une disponibilité ponctuelle, une force de travail monnayable. Il fallait désormais y croire, répercuter partout un esprit, employer un vocabulaire estampillé, venu d’en haut, tournant à vide, et avait cet effet stupéfiant de rendre les résistances illégales et vos intérêts indéfendables.”

“Il fallait reconnaître à l’argent cette puissance d’assimilation extraordinaire, qui muait les voleurs en actionnaires, les trafiquants en conformistes, les proxénètes en marchands.”

“Et Steph soudain découvrait que le destin n’existait pas. Il fallait en réalité composer son futur comme un jeu de construction, une brique après l’autre, et faire les bons choix, car on pouvait très bien se fourvoyer dans une filière qui demandait des efforts considérables et n’aboutissait à rien. Clem savait tout ça sur le bout des doigts. Son père était médecin et sa mère inspectrice d’académie Ces gens-là avaient presque inventé le jeu.”

“Aucun confort ne semblait pouvoir effacer leur indigence première. A quoi cela tenait-il ? Aux vexations professionnelles, aux basses besognes, au confinement, à ce mot d’immigré qui les résumait partout ? Ou bien à leur sort d’apatride qu’ils ne s’avouaient pas ? Car ces pères restaient suspendu, entre deux langues, deux rives, mal payés, peu considérés, déracinés, sans héritage à transmettre.”

“On se demandait tout de même quelle vie pouvaient mener ces gens, dans leurs médiocres logis, à manger gras, s’intoxiquant de jeux et de feuilletons, faisant à longueur de temps des gosses et du malheur, éperdus, rageux, résiduels. Il valait mieux éviter de se poser la question, de les dénombrer, de spéculer sur leur espérance de vie ou leur taux de fertilité. Cette engeance marinait sous les seuils, saupoudrée d’allocs, vouée à finir et à faire peur.”

Ma note : 3.5/5

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