“En vieillissant les hommes pleurent” de Jean-Luc Seigle

En vieillissant les hommes pleurent

Enthousiasmée par la lecture de “Femme à la mobylette” (voir ma chronique ici), j’ai eu envie de découvrir d’autres livres de Jean-Luc Seigle. Voici donc “en vieillissant les hommes pleurent” paru en 2012 chez Flammarion, qui m’a transportée. Un vrai coup de coeur….

Le résumé par l’éditeur :

9 juillet 1961.
Dès le lever du jour, il fait déjà une chaleur à crever. Albert est ouvrier chez Michelin. Suzanne coud ses robes elle-même. Gilles, leur cadet, se passionne pour un roman de Balzac. Ce jour-là, la télévision fait son entrée dans la famille Chassaing. Tous attendent de voir Henri, le fils aîné, dans le reportage sur la guerre d’Algérie diffusé le soir même. Pour Albert, c’est le monde qui bascule.
Saura-t-il y trouver sa place? Réflexion sur la modernité et le passage à la société de consommation, En vieillissant les hommes pleurent jette un regard saisissant sur les années 1960, théâtre intime et silencieux d’un des plus grands bouleversements du siècle dernier. 

Mon avis :

Magnifique ! Une écriture délicate dont je me suis délectée ! Un thème d’une puissance qui m’a véritablement emportée ! Des émotions en pagaille qui m’ont envahie… Et chose vraiment inhabituelle chez moi, l’envie de relire ce livre à peine refermé !

En apparence, il ne se passe pas grand chose et pourtant…. L’auteur nous conte l’histoire d’un homme pudique, renfermé, mais plein d’humanité au cours d’une seule journée, le 9 juillet 1961. On découvre sa femme bien plus jeune que lui, mère au foyer, son jeune fils Gilles passionné par la lecture qu’il aime énormément, sa vieille mère un peu sénile, sa jeune soeur Liliane, son métier d’ouvrier chez Michelin, son passé de combattant pendant la 2e guerre mondiale dont il parle peu…. Jusqu’à l’épilogue 50 ans plus tard dans “L’imaginot”, un cours donné par le jeune Gilles devenu professeur de lettres à l’université.

C’est incroyable comme on est pris dans ce récit qui aborde des thèmes très graves : le couple, les relations mère-enfant, les relations père-enfant, la guerre d’Algérie, le décalage des générations et l’acceptation du “progrès”….

J’ai aimé aussi la construction du roman, un peu comme un tragédie antique avec les 3 unités (d’action, de lieu, de temps).

Bref, ce livre est un bijou que je te laisse découvrir avec quelques extraits ci-dessous.

Extraits :

Tout d’abord la citation que Jean-Luc Seigle a choisie pour ce livre : “Un ouvrier, c’est comme un vieux pneu quand y’en a qui crève, on l’entend même pas crever” Jacques Prévert

“Tu comprends, l’histoire des hommes, c’est l’inverse de la solitude. Et puis le passé, si nous savons le lire ou l’entendre, nous assure de ce qui est juste.”

“Monsieur Antoine lui expliqua que les images étaient source de toutes sortes de récits, qu’en regardant une photographie on pouvait se souvenir d’une personne, se rappeler son corps, sa façon d’être, de se mouvoir, de parler, mais qu’on pouvait aussi extrapoler à partir des éléments visibles jusqu’aux choses invisibles. Les images ne disent rien, elles font dire.”

“Je n’aime pas qui je suis. Je n’aime pas ce qu’il faudrait que je sois, je n’aime pas me réjouir de cette vie-là, que je n’ai pas su retenir. (…) Tu comprends, Gilles, je ne veux pas être le témoin de la fin des temps que j’ai tant aimés, même s’ils étaient difficiles et parfois injustes.”

Ma note : 5/5

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