Quand tu écouteras cette chanson de Lola Lafon

J’ai été bouleversée par ce roman, qui ne m’attirait pas plus que ça, a priori. J’ai repris ma lecture en 3 fois avant d’être happée par cette quête d’identité. Car c’est de cela qu’il s’agit dans ce roman. Lola Lafon, dans “quand tu écouteras cette chanson”, revient sur son histoire personnelle à l’occasion d’une visite hors du commun de la maison d’Anne Franck à Amsterdam. Elle a en effet demandé d’y passer une nuit pour s’imprégner de l’histoire de cette célèbre héroïne.

Tout le monde a lu le fameux journal à l’adolescence, sans savoir qui était exactement les Franck, d’où ils venaient, comment ils ont vécu… Je découvre d’ailleurs qui était Anne Franck, sa famille, son goût pour l’écriture. J’apprends qu’il existe de nombreuses versions de ce journal selon les pays où il a été édité.

Avec ce roman, Lola Laffon revient sur sa judéité, qu’elle a niée jusqu’alors. Cette nuit passée dans “l’annexe”, là où les Franck se sont cachés pendant des mois, va lui permettre de redevenir ce qu’elle n’a jamais vraiment cessé d’être : la petite-fille d’émigrants juifs d’Europe de l’Est.

Plus qu’un résumé, je voudrais citer plus bas des passages qui m’ont beaucoup touchée :

Extraits :

« Je suis celle qui, depuis l’adolescence, détourne les yeux ; celle qui ne regarde pas les documentaires sur la Shoah. Celle qui n’a lu que peu de livres à ce sujet. Celle qui est sortie de la salle pendant la projection de « La Liste de Schindler », qui a eu la nausée pendant celle de « La vie est belle » de Benigni, celle pour qui la romantisation de l’Holocauste est insupportable. »

« Dans ces familles, on conjuguera tout « au plus jamais » : il y a ces pays où plus jamais on ne reviendra -la Pologne, la Russie- des terres de persécution. Il y a les langues que  plus jamais on ne parlera. »

« L’exil -perdre racine- est un mal dont les symptômes me sont familiers. Je ne peux en témoigner à la façon d’une sociologue ou d’une psychiatre, mais comme une petite-fille d’exilés. Je sais les désordres de ceux qui ont dû se défaire de leur prénom, de leurs parents, de leurs désirs. Les survivants et les exilés ne sont pas des héros. Ce sont des épuisés qui font comme si. »

« Quelle triste ironie que ce désir forcené d’assimilation soit aujourd’hui au cœur des obsessions conspirationnistes.”

“Il est suspect, celui qui n’a « pas l’air » de ce qu’il est. Au moins l’étranger qui arbore sa différence dit qu’il n’est pas des nôtres. Tandis que celui qui nous ressemble… Comment le distinguer ? La dissimulation n’est-elle pas le signe du complot ? « 

Tu l’auras compris, “Quand tu écouteras cette chanson” de Lola Lafon est un gros coup de cœur. Je te le recommande vivement !

Tu trouveras ma chronique d’un autre roman de cette autrice en cliquant ici.

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