Né d’aucune femme de Franck Bouysse
Un énorme coup de coeur ! J’avais déjà lu “Grossir le ciel” (voir mon post ici) et “Plateau”. Ce livre est 10 crans au-dessus. C’est une vraie claque !
Le résumé par l’éditeur :
” Mon père, on va bientôt vous demander de bénir le corps d’une femme à l’asile.
— Et alors, qu’y-a-t-il d’extraordinaire à cela ? demandai-je.
— Sous sa robe, c’est là que je les ai cachés.
— De quoi parlez-vous ?
— Les cahiers… Ceux de Rose.”
Ainsi sortent de l’ombre les cahiers de Rose, ceux dans lesquels elle a raconté son histoire, cherchant à briser le secret dont on voulait couvrir son destin. Franck Bouysse, lauréat de plus de dix prix littéraires, nous offre avec Né d’aucune femme la plus vibrante de ses oeuvres. Ce roman sensible et poignant confirme son immense talent à conter les failles et les grandeurs de l’âme humaine.
Mon avis : MAGNIFIQUE !
Je suis fan de cet auteur et de son écriture. C’est tellement beau, poétique et aussi ancré dans la terre et la paysanerie !
Et cette histoire terrible, quelles émotions sont nées en la lisant ! j’ai tourné les pages avec une boule au ventre en me disant qu’il allait se passer quelque chose de terrible. Et en effet, on assiste aux maltraitances, au viol et à la descente aux enfers de Rose, jeune domestique de 14 ans que son père a dû vendre à un riche maitre de forge, pour tenter de sauver le reste de sa famille de la misère.
Mais Rose, grâce à son courage et sa capacité à s’extraire en pensée de son quotidien sordide, réussit à garder le cap, car elle a soif de vivre. Elle raconte plus tard son histoire dans un journal que Gabriel, un curé de campagne va découvrir.
Le roman est raconté à plusieurs voix : celle de Rose que l’on suit sur une quinzaine d’années , mais aussi celles des personnages qui ont fait partie de sa vie : son père Onésime, Edmond le palefrenier, sa mère, Gabriel le curé, mais aussi l’enfant/l’homme dont on découvrira l’identité à la fin du livre.
J’ai été complètement captivée par ce grand souffle romanesque conjuguant toutes les noirceurs mais débouchant sur une lueur d’espoir. J’ai refermé ce livre en regrettant qu’il soit déjà terminé. L’histoire de Rose continuera à m’habiter pour quelques temps !
Extraits :
“La seule chose qui me rattache à la vie, c’est de continuer à écrire, ou plutôt à écrier, même si je ne crois pas que ce mot existe il me convient. au moins, les mots, eux, ils me laissent pas tomber. Je les respire, les mots-monstres et tous les autres. Ils décident pour moi. Je désire pourtant pas être sauvée”.
“Les mots, j’ai appris à les aimer tous, les simples et les compliqués que je lisais dans le journal du maître, ceux que je comprends pas toujours et que j’aime quand même, juste parce qu’ils sonnent bien. La musique qui en sort souvent est capable de m’emmener ailleurs, de me faire voyager en faisant taire ce qu’ils ont dans le ventre, pour faire place à quelque chose de supérieur.”
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