Sexe et mensonges de Leila Slimani
Après avoir lu “la vérité sort de la bouche du cheval” dont l’héroïne est une prostituée de Casablanca, j’ai voulu découvrir cet essai de Leila Slimani sur la vie sexuelle au Maroc.
La 4e de couverture : Dans le livre Dans le jardin de l’ogre (Gallimard, 2014), Adèle, jeune épouse et mère de famille, sombrait dans l’addiction sexuelle. Un roman cru et audacieux sous la plume d’une jeune musulmane partie ensuite à la rencontre de ses lectrices marocaines.
De ville en ville, Leïla Slimani a écouté les déchirements d’une société où la femme ne peut être que vierge ou épouse. Où tout ce qui est hors la loi ou hors mariage est nié : prostitution, homosexualité, business de la nuit, protection des riches touristes sexuels et pédophiles, corruption de la police, etc.
Début 2016, le lynchage de deux homosexuels puis l’agression de l’actrice du film Much Loved ont illustré le profond malaise d’une société écartelée entre sexe et mensonges.
Mon avis : Dans un pays qui veut se moderniser, force est de constater que la tradition joue encore un rôle inhibiteur dans les relations entre hommes et femmes, et surtout dans leur manque d’épanouissement. Leila Slimani dresse des portraits de femmes qui lui livrent sans tabou leur vie sexuelle. Elle entrecoupe ces témoignages d’informations très intéressantes sur le contexte social au Maroc.
Juste une information qui montre qu’on part de loin dans ce pays : toute relation sexuelle en dehors du mariage est interdite et passible de prison, tout comme les relations entre personnes du même sexe ou encore l’avortement. Ce n’est pour autant qu’il ne se passe rien : tout se passe dans la plus grande discrétion, avec la plus grande hypocrisie, car tout le monde est au courant mais fait “comme si” !
Cet essai et ces témoignages montre que des évolutions sont attendues des femmes marocaines, encore trop sous le joug des hommes, des traditionnalistes, des fondamentalistes. Elles veulent vivre plus librement bien sûr, mais aussi vivre tout simplement leur vie normalement, pas comme des occidentales (l’épouvantail brandi par ceux qui ne veulent pas que cela change) mais comme des femmes marocaines modernes.
Ma note : 4/5
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